Origines du jIu jitsu

Quant à l’origine et à la terre natale du Ju Jutsu, il y a plusieurs opinions, mais elles se révèlent être de simples hypothèses basées sur des récits relatifs à la fondation de certaines écoles, ou sur certains documents ou illustrations fortuites trouvés dans les manuscrits anciens non seulement au Japon mais en Chine, en Perse, en Allemagne et en Egypte. Il n’existe aucun document permettant d’établir définitivement les origines du Ju Jutsu. Il serait cependant rationnel de supposer que depuis la création, avec l’instinct d’auto-préservation, l’homme a dû se battre pour l’existence, et a été inspiré pour développer un art ou une compétence pour mettre en œuvre le mécanisme du corps à cette fin. Dans de tels efforts, le développement peut avoir pris des cours différents selon les conditions de vie ou les circonstances tribales, mais l’objet et la mécanique du corps étant communs, les résultats n’ont pas pu être si différents les uns des autres. C’est sans doute la raison pour laquelle on trouve des documents relatifs à la pratique d’arts similaires au Ju Jutsu dans diverses parties du monde, et aussi pour le manque de documents sur ses origines.
–Sensei G. Koizumi, Kodokan 7ème Dan

JU JITSU JAPONAIS

Bien que ses origines remontent sans doute aux moines bouddhistes de l’Inde, le Ju Jitsu dans sa forme moderne vient du Japon. Le Ju Jitsu était l’art du champ de bataille des samouraïs du Japon. Ces guerriers samouraïs étaient bien armés et généralement à cheval et l’art du Ju Jitsu a été essentiellement développé pour permettre aux samouraïs de se battre efficacement au cas où ils se retrouveraient désarmés et à pied. En raison de la mobilité et de l’agilité restreintes associées aux combats en armure, le Ju Jitsu a évolué pour inclure les projections, les clés articulaires et les étranglements, ainsi que les mouvements de frappe trouvés dans d’autres arts martiaux.

JUDO

Au milieu des années 1800, le Ju Jitsu s’était fracturé en plusieurs styles ou « ryu ». Bien que les techniques variaient d’un style à l’autre, elles incorporaient toutes généralement la plupart des aspects du combat au corps à corps, notamment les frappes, les prises et l’utilisation d’armes.

Dans les années 1880, un jeune praticien de Ju Jitsu remarquable, Jigoro Kano, a développé son propre « ryu » qui était basé sur le « randori », ou une pratique à pleine puissance contre des adversaires résistants et habiles. Il s’agissait d’une déviation complète de la pratique des partenaires qui prévalait à l’époque. Le style de Kano a ensuite évolué vers le judo, qui est devenu l’un des sports les plus pratiqués au monde.

Sécurité (Source : article de Wikipedia traduit de l’anglais https://en.wikipedia.org/wiki/Judo)
La vision de Kano pour le judo était celle d’une voie martiale qui pouvait être pratiquée de manière réaliste. Le randori (ou entraînement libre) était un élément central de la pédagogie du judo et en shiai (compétition). La sécurité a nécessité certaines innovations fondamentales qui ont façonné le développement du judo. Les atemi waza (techniques de frappe) étaient entièrement limitées aux kata (formes pré-arrangées) au début de l’histoire du judo. Les kansetsu waza (techniques de manipulation des articulations) étaient limitées aux techniques axées sur l’articulation du coude. Diverses techniques de projection jugées trop dangereuses pour être pratiquées en toute sécurité à pleine force, comme certaines techniques de blocage des articulations, étaient également interdites en shiai. Pour maximiser la sécurité dans le nage waza (techniques de projection), le judoka s’entraîne à l’ukemi (chutes brisées) et pratique sur des tatamis (à l’origine des tapis de paille de riz).

Kansetsu et shime waza
L’application de techniques de blocage articulaire et d’étranglement / étouffement est généralement sans danger dans des conditions contrôlées typiques du judo dans le dōjō et en compétition. Il est habituel qu’il y ait des restrictions d’âge sur la pratique et l’application de ces types de techniques, mais la nature exacte de ces restrictions variera d’un pays à l’autre et d’une organisation à l’autre.

Nage waza
La sécurité dans la pratique des techniques de projection dépend du niveau de compétence de tori et d’uke. Les projection mal appliquées peuvent blesser à la fois tori et uke, par exemple lorsque tori compense une mauvaise technique avec de la force. De même, un mauvais ukemi peut entraîner des blessures. Pour ces raisons, les projections sont normalement enseignées par ordre de difficulté pour tori et uke. Ceci est illustré dans le Gokyo (五教, littéralement « cinq enseignements »), un groupement traditionnel de projections classées par ordre de difficulté d’ukemi. Ceux regroupés en Dai ikkyo (第一教, littéralement « premier enseignement ») sont relativement simples à décomposer alors que ceux regroupés en Dai gokyo (第五教, littéralement « cinquième enseignement ») sont difficiles à décomposer.

Dans les arts martiaux mixtes ou MMA (Source : article de Wikipedia traduit de l’anglais https://en.wikipedia.org/wiki/Judo)
Un certain nombre de pratiquants de judo ont eu un impact dans les arts martiaux mixtes. Parmi les combattants MMA notables formés au judo figurent les médaillés olympiques Hidehiko Yoshida (or, 1992), Naoya Ogawa (argent, 1992), Paweł Nastula (or, 1996), Makoto Takimoto (or, 2000), Satoshi Ishii (or, 2008), Ronda Rousey (Bronze, 2008) et Kayla Harrison (Or 2012 et 2016), ancien médaillé de bronze du championnat national russe de judo Fedor Emelianenko, Yoshihiro Akiyama, Don Frye, Rick Hawn, Daniel Kelly, Hector Lombard, Karo Parisyan, Ayaka Hamasaki, Antônio Silva, Oleg Taktarov et Dong-Sik Yoon.

Règles alternatives et arts martiaux dérivés (Source : article de Wikipedia traduit de l’anglais https://en.wikipedia.org/wiki/Judo)
Le judo Kodokan de Jigoro Kano est le style de judo le plus populaire et le plus connu, mais ce n’est pas le seul. Les termes judo et jujutsu étaient assez interchangeables dans les premières années, donc certaines de ces formes de judo sont encore connues sous le nom de jujutsu ou jiu-jitsu soit pour cette raison, soit simplement pour les différencier du judo traditionnel. À partir du style original de judo de Kano, plusieurs formes apparentées ont évolué, certaines étant désormais largement considérées comme des arts distincts :

  • Judo Kosen (高專柔道) : Parfois décrit à tort comme un style distinct de judo, le judo Kosen est un ensemble de règles de compétition de judo Kodokan qui a été popularisé au début du XXe siècle pour être utilisé dans les championnats japonais spéciaux des lycées organisés à l’Université impériale de Kyoto. [82] Le mot « Kosen » est un acronyme de Koto Senmon Gakko (高等専門学校, littéralement « École professionnelle supérieure »). L’accent mis par le judo Kosen sur le newaza a établi des comparaisons avec le jiu-jitsu brésilien.
  • Judo russe : Ce style distinctif de judo a été influencé par l’art martial russe appelé Sambo. Il est représenté par des entraîneurs bien connus tels qu’Alexander Retuinskih et Igor Yakimov, et des combattants d’arts martiaux mixtes tels que Fedor Emelianenko, Karo Parisyan et Khabib Nurmagomedov. À son tour, le judo russe a influencé le judo traditionnel.
  • Sambo (en particulier le Sambo sportif): un dérivé du Judo combiné avec des techniques de lutte, et de frappe dans le cas du sambo de Combat. Vasili Oshchepkov a été la première ceinture noire européenne de judo sous Kano. Oshchepkov a ensuite apporté sa connaissance du judo en tant que l’un des trois piliers fondateurs de Sambo, qui a également intégré divers styles de lutte du bloc soviétique et d’autres techniques de combat. Oshchepkov est mort pendant les purges politiques de 1937. Dans leur Histoire de Sambo, Brett Jacques et Scott Anderson ont écrit qu’en Russie « le judo et le Sambo étaient considérés comme la même chose » – bien qu’avec un uniforme différent et quelques différences dans les règles.
  • Le jiu jitsu brésilien développé par la famille Gracie, qui a appris le judo traditionnel Kodokan du judoka japonais Mitsuyo Maeda en 1917.
  • Le judo « freestyle » est une forme de judo compétitif pratiqué principalement aux États-Unis qui conserve des techniques qui ont été retirées des règles traditionnelles de la FIJ. Le judo acrobatique est actuellement soutenu par l’Alliance internationale de judo acrobatique (IFJA). L’Amateur Athletic Union (AAU) sanctionne officiellement le judo acrobatique aux États-Unis d’Amérique.
  • Le « Pangamot » philippin est une forme de compétition de judo et d’arts martiaux mixtes où les pratiquants invitent leurs adversaires à utiliser un bâton d’eskrima pour lancer, saisir et s’entraîner. La salle d’entraînement la plus connue de Pangamot est le siège social mondial de Doce Pares à Cebu City, aux Philippines. L’instructeur en chef de Pangamot entre 1955 et 2017 était le 8e dan de judo et le champion du monde d’Eskrima, Ciriaco Cañete. Les instructeurs américains de Pangamot comprennent l’ancien Ranger de l’armée, Christopher J. Petrilli, l’entraîneur d’arts martiaux mixtes Thomas Weissmuller et l’entraîneur de l’UFC, Ray Yee.
  • Le judo a également influencé d’autres styles de combat tels que le combat rapproché (CQC), les arts martiaux mixtes (MMA), et la lutte.

LE JIU JITSU BRESILIEN ET LA FAMILLE GRACIE

Un élève de Kano, Mitsuo Maeda (également connu sous le nom de Comte Koma : Le Comte du Combat) a émigré du Japon au Brésil en 1914. Il aurait été assisté par un politicien local nommé George Gracie, dont le père avait également été un immigrant, originaire d’Écosse. En signe de gratitude, Maeda aurait alors enseigné le Jiu Jitsu au fils de George, Carlos Gracie. Carlos aurait ensuite partagé ses connaissances avec certains de ses frères, avec qui il a ouvert la première académie de Jiu Jitsu au Brésil en 1925.

Cependant d’après une autre source « Carlos a pris quelques leçons de Jacyntho Ferro. Jacyntho Ferro était l’un des étudiants de Maeda. Il n’y a aucune preuve que Carlos ait jamais rencontré Maeda. La lignée Carlos remonte donc à Maeda via Jacyntho Ferro. Du même coup, il remonte à Kano. De la même manière, tous ceux qui s’entraînent au jiu-jitsu ou qui l’ont jamais fait ont une lignée qui remonte à Kano. Et même plus loin car Kano avait également de nombreux professeurs (bien qu’il n’ait été certifié que par un seul, voir Craze 1 chapitre 5 pour les détails et la documentation). Une autre question est de savoir qui a certifié Carlos Gracie. Prendre des leçons de quelqu’un et être certifié par lui sont des choses entièrement différentes. Il n’y a aucune preuve que quiconque (qui était qualifié pour le faire) ait jamais certifié Carlos Gracie ou attesté de ses connaissances ou de ses capacités en « jiu-jitsu » (à l’exception d’Helio, qui n’était pas une source neutre et dont les opinions sur Carlos étaient contradictoires. et en constante évolution) ». Source : Choque: The Untold Story of Jiu-Jitsu in Brazil, 1856-1999, Roberto Pedreira, 2016

Au fil des ans, les Gracies (notamment Carlos et Helio) et leurs élèves ont affiné leur art à travers des combats brutaux sans règles, à la fois dans des matchs de défi publics et dans la rue. Ils ont concentré leur attention sur les combats au sol avec soumission, permettant à un homme plus petit de se défendre contre un attaquant plus grand.

Dans les années 1970, Rolls Gracie a commencé à affiner davantage l’art, incorporant, entre autres, des mouvements de lutte dans le programme. Parallèlement, il a conçu les premiers systèmes de points et de règles pour les compétitions spécifiques au jiu-jitsu.

L’UFC

Au début des années 1990, un autre Gracie, Rorion, a déménagé du Brésil à Los Angeles, dans l’espoir de présenter le système de combat de sa famille en Amérique. Bien que les concours d’arts martiaux mixtes sans règles (connus sous le nom de « vale tudo ») aient été populaires au Brésil depuis que Carlos Gracie a ouvert son académie en 1925, ils étaient largement inconnus dans le reste du monde. Rorion et Art Davies ont conçu un événement appelé « The Ultimate Fighting Championship » (UFC), qui opposerait différents styles d’arts martiaux. L’UFC a permis aux challengers de diverses disciplines martiales de s’affronter dans le but de prouver la crédibilité de leur sport et d’illustrer leur art martial comme le meilleur.

Le premier UFC a eu lieu en 1993 et ​​a été dominé par le jeune frère de Rorion, Royce. Royce était plutôt longiligne, 80kg pour 1m94. Malgré cela, il a exploité le manque de connaissance des combats au sol et en est sorti victorieux, battant quatre adversaires en une seule nuit. Ses victoires ont suscité un énorme intérêt pour le Jiu Jitsu brésilien, en particulier aux États-Unis et au Japon, consolidant le statut de ce sport en tant qu’art martial véritablement mondial.

Chronologie de l’histoire du Jiu Jitsu brésilien :

1909 Les premiers instructeurs de Jiu Jitsu arrivent au Brésil
1914 Mitsuyo Maeda arrive au Brésil
1920 Apparemment, Carlos Gracie est présenté à Mitsuyo Maeda
1925 La première date suggérée pour Academia Gracie
1929 Carlos et George Gracie sont instructeurs adjoints sous Donato Pires dos Reis à l’Academia de Jiu-Jitsu
1930 Carlos reprend l’Academia de Jiu-Jitsu, Helio reprend le rôle d’enseignant de George
1951 Helio Gracie est battu par Masahiko Kimura lors d’une compétition de Jiu Jitsu à Rio.
1972 Carley Gracie enseigne les premiers cours de Jiu Jitsu brésilien aux États-Unis
1978 Rorion Gracie déménage en Californie et commence à enseigner le BJJ
1979 Reylson Gracie ouvre une salle de sport à Miami, FL
1982 Rolls Gracie meurt dans un accident de deltaplane
1989 Rorion Gracie est interviewé par Playboy Magazine
1993 Débuts à l’UFC, Royce Gracie domine la compétition en utilisant le BJJ
1994 Carlos Gracie décède à l’âge de 92 ans
1996 La première compétition internationale de BJJ, Mundials, est organisée
1999 Le premier événement ADCC a lieu
2009 Helio Gracie décède à l’âge de 95 ans

UFC 3 en 1993

L’ÈRE MODERNE

Aujourd’hui, le Jiu Jitsu brésilien surfe sur la vague de l’explosion des « arts martiaux mixtes » (MMA) et est l’art martial qui connaît la croissance la plus rapide au monde. Il existe maintenant des milliers d’académies de Jiu-Jitsu réparties aux quatre coins du monde. Le Jiu-Jitsu sportif a également gagné en popularité massivement. La principale organisation est la Fédération internationale de jiu jitsu brésilien (IBJJF), qui gère un circuit de compétition annuel qui attire des milliers de participants. Fidèle à ses racines, le Jiu Jitsu continue d’être utilisé efficacement dans toutes les compétitions de MMA – tous les combattants, quelle que soit leur spécialité, ont besoin d’au moins une connaissance pratique du Jiu Jitsu pour avoir une chance de succès. L’art est en constante évolution et affiné par ses praticiens. De nouveaux mouvements et techniques sont inventés chaque jour – un témoignage de la nature dynamique et « vivante » de l’art.

Parallèlement le JU JITSU TRADITIONEL évolue aussi avec le Fighting Système et les compétition de Ne Waza (judo au sol). Tous les arts martiaux en général tendent à enrichir leurs techniques en puisant dans les techniques remises au goût du jour par le Jiu Jitsu Brésilien. Aussi la première question qui vient à l’esprit du néophyte : « quelle est la différence entre Jiu Jitsu Brésilien et Ju Jitsu traditionnel? ». La réponse est juste dans leur dénouement réciproques. Ils ont la même racine, le judo du Kodokan lui-même inspiré du Ju Jitsu japonais qui s’est développé à travers de nombreuses écoles ou Ryus au Japon du 8ème au 19ème siècle. Ils se sont différenciés dans leur approche, la manière d’être pratiqué en compétition. Ils ont évolués parallèlement : le Judo est devenu un sport olymplique avec des règles alors que le Jiu Jitsu de Mitsuyou Maeda, qui était ambassadeur de Jigoro Kano et représentait à la fois le judo et le jiu jitsu de Jigoro Kano, avait déjà un passif d’environ 400 combats sans défaites contre des lutteurs ou des boxeurs. La tradition a donc continué ainsi au Brésil à travers des combats appelé « Vale Tudo » et qui deviendront plus tard le MMA. Le jiu-jitsu brésilien n’a pas suivi le même chemin que le judo mais au final ils sont très complémentaires, étant donné que le premier à encore évolué au sol avec l’apport d’Hélio Gracie qui lui aussi devint un combattant légendaire et premier héro sportif du Brésil. Un des combats qui le rendit célèbre fut celui contre Kimura, champion de judo poids lourd, dans le stade Maracana en 1951.

DIFFERENCES ENTRE LES TERMES JUJUTSU, KANO JIU JITSU, JIU JITSU BRESILIEN ET JUDO

Une recherche est nécessaire pour comprendre comment est apparu et s’est développé le Jiu-Jitsu au Brésil au début du 20ème siècle sur la base du Judo de Jigoro Kano et pourquoi le terme de judo a été supplanté par celui de Jiu-Jitsu qui deviendra ensuite le Gracie Jiu-Jitsu (marque déposée) ainsi que d’une manière plus générale le jiu-jitsu brésilien. Ce qui n’empêchera pas le développement du judo au Brésil qui accueillera les championnats du Monde dès 1965.

  • Il convient en général de comprendre par Jujitsu ou Jujutsu l’aspect traditionnel (système de self défense qui se base sur des katas) ou/et l’époque féodal de l’art du combat à mains nues (l’art des samouraï qui s’est développé du 8ème au 19ème siècle avant que le jujitsu ne tombe en désuétude et soit « rénové » par Jigoro Kano). Le terme Jiu-Jitsu correspond plus à l’ère moderne à partir de Jigoro Kano avec la création du Judo Kodokan. Le style était aussi appelé Kano Jiu Jitsu.
  • Traduit de l’anglais par François Deniau (Jujutsu, Judo and Jiu-jitsu: A Historical
    Comparison of Terms, Matthew Krueger, 2015) : « En 1908, deux professeurs japonais de « Jiu-Jitsu » arrivent au Brésil : Sada Miyako et Mme Kakiara. Des démonstrations et des défis ont lieu en 1909 et Sada apparemment fait un peu d’enseignement (Pedreira 2014, pg 46-47). A la même époque, Mario Alexio enseignait le « jiu-jitsu » ainsi que la boxe et la capoeira à Rio de Janeiro entre 1909 et 1914. (Pedreira 2014, page 65)
    Les diplômés du Kodokan Mitsuyo Maeda et Geo Omori sont tous deux arrivés au Brésil vers 1914 (Pedreira 2014, pg 67). Cependant, Maeda a choisi de se référer systématiquement à sa pratique comme étant du « Jiu Jitsu. » (Gracie 2001, pg 10) Alors qu’en 1932, Geo Omori tenait à expliquer l’histoire de la synthèse de Kano de l’art des systèmes antérieurs de jujutsu et a déclaré que le « jiu-dou » était le nouveau nom du style de « jiu-jitsu » de Kano. (Pedreira 20 14, pg 217) Fondamentalement, le problème linguistique créé à cette époque était un manque de compréhension et de conscience de la distinction entre le jujutsu classique et le judo moderne auprès du public. Cela comprenait les journalistes, auteurs et éditeurs qui produisaient des documents et faisaient la promotion d’événements sur ce qui était dans une période de transition appelée au début « Kano Jiu-jitsu » et au fil du temps « Kodokan Judo ».
    À ce stade, la pratique physique qui devenait le Jiu-jitsu brésilien a divergé à la fois du jujutsu classique et du judo moderne. Si bien qu’aujourd’hui les trois existent séparément, avec le jiu-jitsu brésilien étant un art distinct qui conserve néanmoins une compatibilité considérable avec ses cousins ​​proches. »
  • Mitsuyo Maeda (1878-1941) n’avait apparemment pas l’intention de créer une lignée de judokas au Brésil ni même de créer une filiation à travers le jiu-jitsu. Il n’y aurait eu aucune ceinture noire sous Maeda. La seule promotion documentée est le suivante : Le 19 juin 1920, dans la ville de Belém do Pará, dans le nord du Brésil, Mitsuyo Maeda a promu cinq de ses élèves au rang de primeiro galão ». Les étudiants étaient Jacyntho Ferro, Guilherme de La-Rocque, le Dr Matheus Pereira, Waldemar Lopes et Raphael Gomes. La promotion de ces cinq Brésiliens est significative en ce sens qu’il s’agit de la seule promotion documentée jamais réalisée par Maeda. Ceci est intéressant compte tenu du fait que Maeda aurait déclaré (en 1928) qu’il « n’avait jamais décerné de ceinture noire à un étudiant au Brésil ». Source : http://www.global-training-report.com/drysdale_2018_maeda_promotes_5.htm#note1http://www.global-training-report.com/drysdale_2018_maeda_promotes_5.htm#note1
  • Luiz França aurait été un élève de Mitsuyo Maeda et aurait transmis à Osvaldo Fada. Ce sera une filiation alors parallèle à celle des Gracies.
  • Au 19ème siècle la famille Gracie étaient principalement composée d’aristocrates issus du monde de la banque et des finances puis au début du 20ème siècle les affaires ont décliné ce qui a amené les Gracie à s’intéresser à la lutte professionnelle qui avait lieu à l’époque dans des cirques, où les lutteurs faisaient partie d’une troupe. C’est probablement de cette manière que la connexion s’est faite entre Mitsuyo Maeda et Carlos Gracie. Bien qu’il était un ambassadeur de Jigoro Kano, Mitsuyo Maeda était aussi un lutteur professionnel qui utilisait le nom de « Conde de Koma » pour le spectacle.

L’idée que Maeda avait des milliers de combats et de victoires est née avec Susukida Zaun en 1912 (Susukida, 1912). Ce n’était rien de plus que de la spéculation, basée sur l’hypothèse non étayée que Maeda doit se battre constamment, 2-3 combats chaque nuit, et perdre rarement ou jamais (même si les propres preuves de Susukida contredisent son hypothèse). Les preuves montrent maintenant clairement que Maeda n’avait pas de challengers parmi le public la plupart des nuits, et la plupart de ses « combats » étaient soit avec ses amis, soit avec d’autres interprètes.

Pour être parfaitement clair, Maeda a eu des matchs légitimes (où il y avait des règles précisant comment gagner) et des quasi-matchs (sans règles précisant comment gagner, ce que Maeda lui-même considérait comme un « entraînement » plutôt que comme un combat). C’étaient des exceptions à son programme habituel d’expositions publiques et de matchs de spectacle. (De nombreux exemples de toutes les variétés de matchs publics de Maeda (etc.) sont décrits avec de la documentation dans Craze 2)

  • L’utilisation du terme jiu-jitsu était donc plus approprié pour Mitsuyo Maeda que d’utiliser le terme de judo ou même de Kodokan Judo. On peut voir ci-dessous une affiche datant de 1915 où il utilise l’appellation « Kano Jiu Jitsu ». Les Gracie n’utilisèrent que le mot Jiu Jitsu. « Les Gracies ont presque monopolisé sa pratique en gardant la dénomination pré-moderne « jiu-jitsu » (The Gracie Clan and the Making of Brazilian Jiu-Jitsu: National Identity, Culture and Performance, 1905 – 2003, Jose Cairus, 2012). En 1921, Maeda a fondé sa propre académie à Belém, au Brésil, devenant un citoyen naturalisé et adoptant le nom d’Otávio Maeda. Il continua à enseigner le judo principalement aux enfants d’immigrants japonais. Il recevra le grade de 6ème dan en 1929 de la part du Kodokan puis le 7ème Dan (le plus haut grade de judo à cette époque) le 27 novembre 1941 mais il décèdera un jour après d’un cancer des reins. Voici un article ici qui donne plus de détails sur la vie de ce judoka et combattant hors du commun qui aura laisser un héritage inestimable.
Affiche d’époque montrant que l’art de Mitsuyo Maeda (connu pour être en quelques sortes le père du Jiu Jitsu Brésilien et du Gracie Jiu Jitsu) était bien le JIU JITSU de Jigoro Kano
  • Un des personnages influents en ce qui concerne le judo au Brésil est George Mehdi ( Né en 1934 à Canne, France – Décède le 6 November 2018 à Rio de Janeiro, Brésil). Il s’est installé au Brésil en 1949 et aurait été formé au Japon sous Yasuichi Matsumoto à l’Université de Tenri. Il était considéré comme le plus grand judoka du Brésil et aussi perçu comme un rival par la famille Gracie, mais pas par tous les membres. Il a enseigné à Rickson Gracie et aussi à Mario Sperry, Silvio Berhing, Wallid Ismail et Jorge Pereira. Il a été consécutivement 7 fois champion du Brésil. Les racines du judo au Brésil sont communes au Kano jiu-jitsu. Le Brésil a une présence majeure dans les championnats du Monde de judo qu’il a accueilli dès 1965.

CONCLUSION

Ce dont je peux témoigner durant mon initiation à la version brésilienne du jiu-jitsu est de ma gratitude envers Wellington « Megaton » Dias qui a été mon professeur pendant 12 ans et m’a remis ma ceinture noire en décembre 2009, Royler Gracie et Rolker Gracie dont j’ai eu l’honneur d’être l’élève lors de mes séjours au Brésil, et Hélio Gracie que j’ai eu la chance de rencontrer une seule fois, dans son ranch à Petropolis (dans la montagne, à une petite heure de Rio de Janeiro). Il nous a accueilli avec son fils Rolker un après midi du mois de juillet 2008. Je m’entrainais durant tout le mois comme les 2 années précédentes à l’académie Humaita tenue par Royler et Rolker. Pendant 12 années d’apprentissage j’ai combattu sous le blason de leur école dans les Panaméricains, les championnats de Rio, les Championnats d’Europe, et de nombreux Open… Megaton était un exemple pour tous en matière d’entrainement car il est probablement le brésilien le plus actif en compétition, ayant participé à tous les championnats du Monde sans exception en ceinture noire, ainsi que tous les tournois majeurs connus… C’est une « machine de guerre » en quelques sortes… Aussi l’apprentissage a été assez dur bien que j’en tire un enseignement très humain. Comme j’avais un objectif de compétition (l’Open de Rio et les championnats de l’Etat de Rio), je m’entrainais tous les jours dans deux académies Gracie, une située Rua Humaïta à rio de Janeiro (la maison Mère) et une autre académie situé plus au centre de Rio, appelée académie Humaita Centro où Rolker donnait exclusivement les cours en début d’après midi. Il y avait aussi plus de vétérans mais aussi des jeunes bien rugueux et quasiment que des ceintures noires. Le soir j’enchainais un autre entrainement dans l’académie mère où il y avait plus de jeunes compétiteurs, quasiment tous ceinture noire. Les cours étaient aussi donnés par Rolker ou Royler, ou parfois un assistant. Mais Rolker était quasiment toujours présent. Et Royler était aussi là cette année, car il enseigne aussi au Etats-Unis. Royler a été super sympa avec moi et m’a proposé un jour de m’entrainer avec lui. La famille de Megaton m’a aussi bien accueilli. Sa mère m’a accueilli chez elle et j’ai connu plusieurs membres de sa famille. J’ai eu l’occasion parfois de m’entrainer avec sa fille Mackenzie qui est devenu une championne de MMA, et sa femme Luciana qui est une grande championne. J’ai personnellement fait de mon mieux en m’entrainant sans relâche. J’ai pu ramené une médaille d’Or aux Championnats de Rio mais j’ai perdu de 2 points sur un renversement à L’Open de Rio dès mon premier combat. Le Pinnacle de cette expérience était la visite d’Hélio à Petropolis. Je pense qu’il est un Grand Maitre de la même veine que tous les Grands Maitres qui nous ont inspirés et que l’histoire des Gracie à fait coulé beaucoup d’encre. J’ai un souvenir d’une grande simplicité et d’un homme affable qui a pris le temps de nous montrer une technique à l’âge de 95 ans. Lorsque nous sommes arrivés avec Rolker, moi et Peter un autre jiu-jitsuka allemand il était en train de faire une réussite avec des cartes. Il s’est prêté volonté à une séance photo et a signé des livres sur le Gracie Jiu-Jitsu que nous avions apportés ainsi que nos ceinture (j’étais encore ceinture marron à ce moment). Nous avons discuté, je lui ai offert aussi un petit cadeau pour le remercier (je ne pouvais pas venir les main vides) qui était simplement des sets de table avec des photos des Alpes. Puis il a voulu nous montrer une technique d’étranglement à partir de la position montée. Il marchait sans l’aide d’une canne qui était posée sur une chaise au cas où. Il avait tous ses moyens. Il a dit à Peter de se mettre sur le sol et a expliqué des détails sur un étranglement. La passion du jiu-jitsu le gardais encore en bonne santé jusqu’à son décès le 29 janvier 2009 (il serait mort dans son sommeil de causes naturelles). Voilà ce dont je peux témoigner de ce moment unique et simple. Il y a eu aussi beaucoup d’autres expériences et moments passés avec Rolker, Royler, Megaton et sa famille… Rolker était super gentil et Royler supervisait l’entrainement, il avait bien sûr de l’autorité mais aussi beaucoup d’humour comme Megaton d’ailleur et lorsque Royler m’a spontanément proposé de « rouler » avec lui j’ai pu me rendre compte de sa manière de ne pas opposer de force et d’être dans la fluidité, ce que Rickson appelle le jiu-jitsu « invisible ». Je le sentais très léger, je ne sentais pas de pression et en même temps très vif, très mobile. Chaque mouvement anticipait mes réactions et je sentais que quoique je fasse il le savait. Avec Megaton c’était pareil sauf que les clés et les étranglements étaient parfois très durs. C’était « à la dure » avec Megaton, sans complaisance mais une grande amitié qui a durée pendant 12 ans après que j’arrête la compétition.

Donc malgré tout ce que l’on peut dire sur une époque pionnière du début du 20ième siècle, les mythes et les dissensions il ne fait pas de doute qu’Hélio Gracie qui était le petit frère de Carlos a apporté au jiu-jitsu un trésor inestimable. Il était de petite stature et ne pesait que 63 kilos (comme Royler) mais était réputé pour avoir une bonne endurance. Voici un extrait d’un article posté le 13 mai 2022 par Roberto Pedreira sur le site Global Training Report dont le contenu (en anglais) est riche en explications et en éclaircissements, il semblerait que les auteurs (Roberto Pedreira et Robert Drysdale) soient sans complaisance et donne la vie dure au mythes ou exagération à travers à travers les faits relatés. Le contenu de ce site est à mon sens une source objective d’informations avec des détails et une volonté de démystifier (lien vers l’article en anglais) :

« Comme tout le monde l’a entendu, la famille Gracie du Brésil, Carlos et Helio en particulier, a amélioré et brésiliennisé le jiu-jitsu inefficace et basé sur le pouvoir que Carlos a appris dans ses cours avec un élève de Maeda Mitsuyo (Conde Koma) nommé Jacyntho Ferro. Selon la mère de Roger Gracie, Reyla Gracie, son père, Carlos, a amélioré et brésiliennisé le jiu-jitsu de Maeda, le rendant efficace pour de vrais combats. Mais le jiu-jitsu de Carlos était rigide et basé sur le pouvoir et trop figé dans les anciennes traditions japonaises. Helio est venu et a osé le rendre efficace pour quelqu’un comme lui, qui était champion de natation et d’aviron (bien qu’Helio et Rorion n’aient pas mentionné cela mais aient plutôt donné l’impression qu’Helio avait grandi dans un poumon de fer).

Le Gracie jiu-jitsu s’est avéré efficace pour de vrais combats dans les deux premiers et les quatrièmes UFC. Ou du moins, Royce a remporté ses combats en utilisant quelque chose qu’il a appelé « Gracie Jiu-Jitsu » qui ressemblait à une combinaison de rugby et de judo. (On ne sait pas ce que l’UFC 3 a prouvé, sauf peut-être que gagner et perdre sont des questions de degré et d’interprétation, comme discuté ici.) Rorion a admis plus tard qu’il s’agissait en fait de judo ici, avec peut-être quelques modifications mineures. »

Personnellement après avoir pratiqué autant le judo que le jjb, et après toutes ces années d’expérience, de compétitions et d’enseignement du judo et du jiu-jitsu dit brésilien, je trouve une grande complémentarité dans les deux tant au niveau technique mais aussi dans la manière d’apprendre. Par exemple le Jiu Jitsu Brésilien ne possède aucun kata et ne différencie pas les rôles d’Uke et de Tori. On retrouve une notion d’entraide mutuelle à travers l’apprentissage où les plus expérimentés s’occupent d’initier ou de « mettre à jour » les connaissances des débutants.

Cet éclairage historique nous aide à comprendre la manière anecdotique autour de laquelle le jiu-jitsu est apparu au Brésil qui a gardé cette appellation alors que le terme de judo était plus facilement utilisé dans les autres pays. Jigoro Kano serait donc indirectement le créateur du jiu-jitsu brésilien!

BJJ France propose dans l’esprit même du judo de Jigoro Kano, une entraide mutuelle dans un but commun d’échange et d’apprentissage réciproque. Tout ce que j’ai pu apprendre est et que je continu d’apprendre est un ensemble de techniques et de manière de s’entrainer aussi bien avec un « gi » que sans « gi ». Il y a eu une évolution énorme dans ce dernier aspect. Mes échanges et la fraternité avec Tom Duquesnoy, ex. combattant de l’UFC en poids léger, m’a permis aussi d’évoluer encore plus dans la manière de s’entrainer et de transmettre. Le concept de travail souple ou « flow roll » préliminaire au randori (équivalent du yakuso geiko) est très important. Cette approche est en dehors de toute compétition ou de comparaison. Seul l’apprentissage et l’entraide mutuelle ont ici toute leur importance.

Merci pour votre lecture, j’espère continuer avec d’autres articles si celui là vous à plu. En attendant peut être à très bientôt sur les tatamis!

François Deniau (Président de BJJ France).

Bibliographie :

  • Jujutsu Judo and Jiu-jitsu – A Historical Comparison of Terms, Matthew Krueger, 2015
  • Martial arts of the world, Thomas A. Green, 2001
  • Soft power of the soft art, Jiu-jitsu in the British Empire of the Early 20th Century, Hashimoto Yorimitsu, 2011
  • Mastering Jujitsu, Renzo Gracie, John Danaher, 2003
  • The Gracie Clan and the Making of Brazilian Jiu Jitsu, Jose Cairus, 2012
  • Craze 1: The Life and Times of Jiu-Jitsu, 1854-1904, Roberto Pedreira , 2018
  • Craze 2: The Life and Times of Jiu-Jitsu,1905-1914, Roberto Pedreira, 2019
  • Craze 3: The Life and Times of Jiu-Jitsu, 1915-1934, Roberto Pedreira, 2021
  • Choque: The Untold Story of Jiu-Jitsu in Brazil, 1856-1999, Roberto Pedreira, 2016